Former sur l’incertitude et la complexité devient une nécessité dans le pilotage de projets

Lundi et mardi prochains, j’animerai une formation pour des agents sur l’incertitude et la complexité dans la gestion de projets.

L’incertitude, en gestion de projet, se réfère à l’absence de certitude quant à l’avenir. Il s’agit de la connaissance incomplète ou imprécise concernant les événements, les interactions et les conséquences futures qui peuvent impacter le déroulement et la réussite d’un projet.

Cette incertitude peut concerner divers aspects : délais, coûts, ressources, performances, risques et aléas divers.

Dans un contexte professionnel où le changement est constant et imprévisible, ignorer l’incertitude est risqué. Un bon pilotage de projet exige de l’anticipation, une analyse des risques et la préparation à des scénarios imprévus. Une gestion proactive de l’incertitude permettra de renforcer la capacité d’adaptation de l’équipe et donc de garantir le succès du projet, à long comme à court terme.

Connaissez-vous l’histoire de la dinde par Nassim Nicholas Taleb ?

L’histoire de la dinde, popularisée par Nassim Nicholas Taleb dans son ouvrage Le Cygne Noir, illustre parfaitement le piège de l’inductif basé sur des données passées dans un monde complexe et incertain.

Une dinde, nourrie quotidiennement par un fermier pendant plusieurs mois, finit par conclure qu’il s’agit là d’un ordre naturel des choses. L’inductif l’avait menée à se sentir en sécurité.

Puis arriva Thanksgiving, et l’histoire finit mal. L’incertitude n’était pas dans l’absence de données, mais plutôt dans la certitude de la régularité des événements antérieurs sans prendre en compte les données qui n’étaient pas encore apparues.

Cet exemple souligne la limite de toute modélisation reposant uniquement sur des statistiques et des probabilités, surtout pour anticiper des événements peu probables mais ayant des conséquences extrêmement fortes.

Plusieurs méthodes et outils pour appréhender l’incertitude et la complexité dans des projets

Plusieurs approches peuvent être employées pour appréhender l’incertitude et le risque dans le management de projet.

Les outils et méthodes suivantes permettent d’intégrer l’incertitude dans une stratégie d’anticipation efficace :

• Analyse PESTEL: Cet outil permet d’analyser l’environnement macro-économique du projet en explorant les facteurs politiques, économiques, sociologiques, technologiques, écologiques et légaux. Il permet de mettre en évidence les incertitudes externes à maîtriser.
• Analyse VUCA/TUNA: Les acronymes VUCA (Volatil, Incertain, Complexe, Ambigu) et TUNA (Turbulent, Incertain, Nouveau, Ambigu) permettent de décrire un environnement imprévisible, pour ensuite proposer des adaptations spécifiques en fonction de ces quatre composantes.
• Scénarios planning: La création de scénarios alternatifs permet d’explorer les futures possibles pour identifier les risques et les opportunités, préparant ainsi des actions concrètes pour minimiser l’impact de l’incertitude.
• Analyse de sensibilité: Cet outil quantifie l’influence des incertitudes sur les résultats projetés. Il identifie les paramètres critiques à surveiller ou contrôler afin de gérer efficacement les dérives.
• Méthode OODA (Observer, Orienter, Décider, Agir) : Cette méthode propose un cadre décisionnel itératif, idéal en situation de crise ou d’incertitude accrue. Son adaptabilité lui confère une importante valeur ajoutée.
• Modèles Agile (méthode Scrum, par exemple) : Ces méthodes incitent à gérer le projet de façon itérative, favorisant la prise en compte de l’incertitude à travers des ajustements fréquents au fur et à mesure des livraisons. Les sprints courts réduisent l’impact des décisions prises suite à une faible perception du risque ou à une anticipation mal réalisée

Conclusion

L’incertitude et la complexité ne sont pas des ennemis en gestion de projets, mais plutôt des facteurs à intégrer au sein des process, à appréhender avec des outils et des méthodes adéquates.

La formation prévue permettra aux participants d’acquérir des techniques pour mener des projets complexes dans des situations où les variables externes et imprévues sont fréquentes et parfois cruciales.

L’objectif final sera d’augmenter la résilience du management face à un environnement incertain et donc d’améliorer la qualité et la livraison des projets malgré des événements inattendus.